Bonjour Monsieur Rio, pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Christophe Rio. Je suis président de l’Union Sportive de Grigny depuis à peu près sept ans. Je suis aussi président de la section judo et je le pratique depuis l’âge de onze ans. 

 

Pourquoi votre club s’est engagé dans ce projet d’inclusion dans l’inclusion par le sport ? 

En fait, c’est un petit peu la continuité de ce que l’on fait depuis maintenant plusieurs années. C’est à dire qu’on est très axé sur les jeunes, sur leur évolution, sur l’éducation et sur la formation. Depuis très longtemps, on fait l’aide aux devoirs, on forme des jeunes au BPJEPS, on aide les jeunes aussi. On les prend en alternance sur divers métiers et donc aussi dans le secteur de l’inclusion. En fait, c’était la suite logique pour l’US Grigny d’investir là-dedans puisqu’on a sur Grigny, une population jeune qui est très peu diplômés. Certains ont besoin d’être aidés et de les raccrocher au système éducatif, au système professionnel. Donc c’est en fait un truc en toute logique. 

 

Le contact avec ces jeunes issus du PIC vous apporte-t-il une vision différente ? 

Oui, c’est une vision différente en fait, surtout pour les coachs. C’est de la montée en compétences des gens. Un coach aujourd’hui, un animateur sportif, son rôle c’est de faire une progression tout au long de l’année dans son sport. L’idée, c’est en effet d’avoir une progression pour le jeune et l’amener à monter sur divers niveaux. Le PIC aujourd’hui, c’est déjà quelque chose de plus restreint dans le temps parce que c’est sur six mois et il faut aller droit au cœur du sujet, c’est-à-dire aller sur les valeurs du sport. Et ça, ce n’est pas la même progression puisque c’est une progression qu’on doit faire en six mois, qui ne dépend pas d’une progression technique mais vraiment d’une progression interne. Surtout un travail qui est fait sur soi. Et donc, le travail qui est demandé aujourd’hui aux éducateurs sportifs de l’omnisport, c’est justement de changer cette façon de faire en allant directement sur les valeurs du sport. Et moi, ce que je leur demande principalement, c’est d’identifier quelles sont les principales valeurs du sport. On construit des plannings pour le projet PIC de cette manière, selon les valeurs et on fait au minimum six séances par sport. 

 

Vous avez combien de jeunes à l’heure actuelle ?  

On a fini la première session avec huit jeunes et on a réussi à en récupérer huit nouveaux. On est plutôt sur ce nombre de personnes entre huit et dix. On essaye pour l’instant d’être sur ces chiffres. 

 

Qu’apporte un club omnisport comme l’US Grigny dans la mise en place du projet ?  

Le club omnisport a cet avantage justement d’avoir plusieurs sports, ce qui signifie plusieurs valeurs. Souvent on parle des valeurs du sport en général, mais chaque sport à des valeurs principales. Et l’avantage de l’omnisport c’est qu’on peut aller puiser dans chacun de ces sports la valeur qu’on va essayer de mettre en lumière auprès des jeunes. Et derrière, en effet, on construit les séances sportives sur les valeurs qu’on a identifiées. Le plus important, c’est qu’on essaie que ces valeurs, qu’on choisies soit en rapport avec un comportement d’entreprise.  

 

Quel est votre modèle économique ? Quelles sont vos différentes aides financières ? 

On est bien sûr dans le PIC qui nous aide beaucoup concernant le financement de ce projet. Mais on a également la mairie qui nous soutient énormément. La ville de Grigny a énormément de difficultés sociales, et elle met un point d’honneur à essayer d’améliorer la vie de tous les habitants. Et nous on en profite à travers le sport, pour également aider. On a aussi des bailleurs sociaux qui nous aident beaucoup à ce niveau-là. Il y a aussi des entreprises dont les patrons sont assez sensibilisés à l’inclusion qui nous aide sur ce thème. Donc ils n’aident pas sur une section mais ils nous aident sur le thème de l’insertion et ça c’est important. On crée des liens et souvent ces entreprises d’ailleurs nous demandent s’il est possible de les recevoir en stage ou peut-être de les embaucher. Bon, c’est encore un petit peu jeune. Ca fait que huit mois maintenant mais on va essayer aussi de créer un lien entre les jeunes et les entreprises et peut-être les écoles pour ceux qui souhaitent retourner à l’école. Ils sont partis prenante dans la sortie positive du jeune.  

 

Comment avez-vous fait pour toucher ces entreprises ?  

Alors, c’est un long travail. On travaille à l’US Grigny depuis très longtemps sur les partenaires privés. Mais ce qui a vraiment changer la donne, c’est qu’aujourd’hui, comme je le disais tout à l’heure, c’est qu’on est plus sur le financement d’un maillot ou d’une équipe. Non, maintenant c’est le financement d’un projet, on est vraiment sur l’omnisport. Ce que je leur propose, c’est de financer un projet. Un véritable projet qui va amener du plus aux personnes. Et eux vont peut-être se retrouver en voyant ces personnes évoluer et en voulant les embaucher. 

 

En termes de partenaires, est-ce que le consortium d’Inclure par le Sport vous aide ? Comment ce consortium vous aide dans la réalisation de ce projet ?  

L’ANPSS et la Fédération Française des Clubs Omnisports (FFCO) sont nos principaux partenaires. C’est eux qui mènent le projet au niveau national. Nous, on est là pour le mettre en œuvre en pratique au niveau local. Le soutien de l’ANPSS et de la FFCO, de tous les services publics aussi, sont importants puisque derrière, l’association en elle-même trouve aussi beaucoup de reconnaissance. Et ça aussi, ça marche auprès des entreprises. Du coup l’association ne se retrouve plus toute seule au niveau local, mais se retrouve avec d’autres associations et puis d’autres ministères publics au niveau national. Donc c’est un vrai plus aussi pour les investisseurs.  

 

Quelles sont les difficultés rencontrées pour la mise en place du projet ?  

C’est quelque chose de nouveau pour nous. Du coup, la difficulté a été de trouver le bon profil de coach. Il a fallu sélectionner un coach d’insertion qui connaît le terrain et qu’il puisse prendre en charge ce côté sportif, mais également le côté social. Le côté appui puisque le coach est un appui pour ces jeunes et aussi qu’il connaisse le territoire. Parce que le coach a aussi cette particularité d’écouter les jeunes puisqu’ils ont des entretiens réguliers, mais également de leur trouver des solutions.  

 

Et ces solutions passent par quoi ?  

Ça passe par la connaissance du terrain, par la connaissance des associations, des organismes qui vont pouvoir aider les jeunes à résoudre leurs problèmes. Et là, j’ai un exemple qui vient en tête tout de suite. On a eu un jeune lors de la première session qui n’avait pas de carte sociale et pas de carte sociale en France, c’est très difficile. Donc le coach doit avoir cette connaissance terrain pour pouvoir aller chercher la bonne personne pour pouvoir débloquer des situations difficiles.