Interview de Jean-Philippe Acensi, président de l’ANPSS

Comment est née cette association ? Qu’est-ce qui a motivé sa création ?

L’idée de départ a été de dire qu’il faut fédérer les acteurs qui s’engagent dans des actions d’insertion par le sport pour donner une autre dimension à ce champ d’activité. Nous avons réuni tous les acteurs concernés par la problématique (villes, fédérations, entreprises et associations) pour créer un espace de dialogue nouveau qui n’existe nulle part sur ce sujet pourtant crucial. Nous souhaitons porter collectivement une grande ambition pour la jeunesse par le sport à travers des actions fortes qui seront annoncées prochainement. Le sport ne sert pas qu’à faire des champions. La ministre des Sports a tout de suite
été partie prenante du projet en le jugeant prioritaire.

Qu’est-ce que la performance sociale du sport ? Quel est le constat de départ ?

J’ai passé plus de 25 ans au sein de l’Agence pour l’éducation par le sport, à valoriser des centaines d’acteurs, les pionniers de l’éducation par le sport, des acteurs de l’ombre qui réparent le pays par le sport. Par exemple, Stéphane Hengy, à Mulhouse, qui a monté le premier tiers lieux du sport et qui met en place des programmes pour la jeunesse de la ville ; ou Larbi Liferki à Roubaix, qui développe des projets pour la culture et l’insertion des jeunes via les pratiques urbaines. Le sport est pour moi l’un des champs d’innovation les plus important qui existent dans notre pays, il est innovant dans sa capacité à accompagner des jeunes dans leur parcours de vie, c’est une école magnifique sous-estimée. Le parcours sportif dans le sport amateur a une grande valeur, on apprend à se connaitre, à se fixer des objectifs, à travailler ensemble pour l’autre, à fabriquer du collectif. Mais un des gros problèmes est que ce parcours n’est pas ou peu financé ! Imaginez une école avec des professeurs bénévoles, ça ne tiendrait pas longtemps, eh bien c’est ce qui se passe dans le sport. Un club qui réunit plus de 800 adhérents est aussi important qu’un collège, il est un lieu d’apprentissage unique. Comme le dit Boris Cyrulnik, le sport amateur génère des qualités fortes, très utiles dans la vie d’adulte. Dans un autre espace, toutes les entreprises parlent du savoir être, le sport est sans doute la première école de savoir-être. Hélas, ce secteur fait face à une difficulté majeure : peu de gens connaissent les bons acteurs qui font des miracles dans nos villes. On en reste trop souvent à vanter les mérites des acteurs sans forcément les aider et les accompagner. Un des principaux défis est de faire des clubs amateurs ou des associations des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Nous allons faire rapidement des propositions sur le sujet.

Quels sont les acteurs qui se distinguent sur la performance sociale du sport ?

Le projet du GIP 2023 qui va accueillir plus de 2 000 jeunes apprentis est très innovant dans sa capacité à profiter d’un grand évènement mondial pour insérer des jeunes, faire évoluer les clubs et créer une dynamique nouvelle. Le projet porté par 4 acteurs associatifs lauréats du PIC* (Élan sportif à Mulhouse, Parkours 59 à Roubaix, Unis vers le sport à Strasbourg, Évasion urbaine à Torcy) qui va suivre plus de 500 jeunes par an est typiquement ce que peut faire le sport en matière d’inclusion avec des éducateurs sportifs de très grande qualité. « La mer est à vous », projet porté par la Fédération Française de Voile, qui va former des jeunes sans diplômes sur des métiers de la mer sera sans doute un des grands projets portés par une fédération qui servira de modèle par la suite. Enfin, le projet porté par l’Agence pour l’éducation par le sport autour du métier de coach d’insertion des jeunes permettra à des milliers d’éducateurs de faire évoluer leur métier et d’accompagner vers l’emploi des jeunes qui en sont éloignés. Mais il y a partout en France un nombre considérable d’acteurs qui font des choses puissantes avec le sport.

Pourquoi avoir créé cette association nationale ?

Les acteurs sportifs locaux sont aujourd’hui pour beaucoup en difficulté avec peu de perspectives de changer de modèle, et le projet subventionné est de moins en moins tenable. Les éducateurs sportifs, qui sont la cheville ouvrière du club, vivent pour beaucoup dans la précarité, sans formation professionnelle, avec des salaires indignes de leur engagement, ce sont les aides-soignants du sport, qui sauvent des destins en étant eux même en galère. Il faudra complètement revoir leur modèle économique en trouvant des moyens nouveaux d’intervention. Le sport professionnel doit demain participer à ce grand projet. Il est indispensable d’agir vite en accompagnant ces acteurs de l’ombre qui s’engagent sur des enjeux prioritaires du pays comme l’insertion, la formation…. Ils n’ont pas de statuts, ils sont très mal payés, leur formation professionnelle n’existe pas, alors que ce sont parmi les meilleurs éducateurs du monde. Il est temps de retisser un lien fort avec le monde sportif professionnel qui s’est trop éloigné de ces acteurs clefs qui représentent la base même du sport. Par exemple, les champions pourraient être plus présents au côté des éducateurs, certains pourrait développer de grands programmes pour la jeunesse. Tout est à créer, tout est à écrire, ce qui ne s’écrit pas a peu de chance de se réaliser. Il y a aujourd’hui des opportunités importantes sur ce secteur, 20 millions d’euros viennent d’être attribués par le ministère du Travail sur des projets avec la Fédération Française de Voile, un consortium d’acteurs associatifs. La coupe du monde de rugby vient de lancer le projet « 2023 apprentis ». Le champ est ouvert, mais il faut maintenant un très gros travail.

Quels seront les premières missions de l’association ?

L’association vient d’être lancée, il faut créer une ambiance avec des gens engagés et motivés. Nous allons élargir le cercle des acteurs, lancer très rapidement un appel aux villes, entreprises, associations et fédérations, mais nous avons déjà beaucoup de demande. Nous allons également poursuivre le Tour de France de la performance sociale, dont la première étape a eu lieu à Roubaix en septembre. Cet été, nous réunirons une centaine d’acteurs pour définir la feuille de route de notre projet. Mais attendez-vous à des projets très ambitieux dans leur forme, et surtout pour construire un grand programme de la performance sociale du sport dans notre pays. On ne peut plus mégoter quand on parle d’éducation et d’insertions des jeunes.


Webinaire : découvrez les acteurs de la performance sociale du sport

Le 3 juin 2020, un webinaire a réuni différents acteurs qui œuvrent pour l'inclusion des jeunes avec l'association Elan sportif, association d'éducation par le sport à Mulhouse.
Acteurs associatifs, élus locaux, chefs d’entreprises, recruteurs et jeunes sportifs ont pu échanger autour de ces projets d’éducation et d’insertion par le sport les réponses que ceux- ci apportent à de nombreux enjeux de société.

Vous pouvez retrouver ce webinaire en replay sur
https://www.besport.com/event/5144223?tab=0&instance=4234320


APELS

L’Agence pour l’Education par le Sport est une organisation nationale d’inclusion par le sport destinée à la jeunesse peu ou pas diplômée. Elle permet à des jeunes talents issus des territoires oubliés d’être reconnus pour leurs compétences et « savoir être », de prendre en main leur avenir et d’accéder à l’emploi. Elle s’appuie sur un réseau national de 1000 clubs sportifs labélisés à travers toute la France pour leur action et leur engagement dans l’inclusion sociale par le sport. Elle accompagne le développement des compétences des coachs sportifs à l’inclusion professionnelle. Elle construit des programmes de formation innovants pour accompagner les jeunes à construire leur projet de vie, trouver leur voie professionnelle et accéder à l’emploi. Elle crée des partenariats avec les entreprises engagées à recruter autrement.

Retrouvez les sur leur site : https://educationparlesport.com/


Parkour59 est une association des haut-de-France qui forme, au travers de l'art du déplacement et du mouvement urbain, tous les publics au dépassement et à l'expression de soi. Si cette structure apparu en 2009 encourage et forme à des pratiques sportives ancrées dans la ville, elle développe aussi des activités culturelles et sportives, par la construction de spectacles et d'exhibitions, et des actions éducatives et d'insertions professionnelles, aidant chacun à prendre sa place de citoyen au sein des espaces publics.

Évasion Urbaine

Basée à Torcy (77), l’association Évasion Urbaine propose un encadrement structuré et de grande qualité aux jeunes vivants dans les quartiers. Ses compétences et son savoir-faire apportent des réponses concrètes aux problématiques sociales rencontrées par ces derniers, et participent, de ce fait, au développement de la politique municipale d’éducation par le sport de la ville. Le projet de l’association a trois volets :
– permettre à l’enfant, à l’adolescent ou à l’adulte d’exprimer ses potentiels ;
– développer les échanges culturels et sportifs au sein de notre association ;
– promouvoir la citoyenneté dans les territoires par ses actions. 
L’expertise de ses membres fondateurs dans les domaines de la socialisation, de l’insertion, de la prévention primaire, secondaire et tertiaire n’est plus à démontrer : leurs différentes actions engagées sont parvenues à mobiliser l’appui du Fond Interministériel de Prévention de la Délinquance (FIPD), du Commissariat Général de l’Egalité des Territoires (CGET) et leur inscription dans les réseaux professionnels de l’éducation spécialisée, de l’université Paris-Est ainsi que de l’Agence pour l’Education par le Sport (Apels) leur confèrent une approche sans cesse renouvelée et originale de la prise en compte des attentes et des besoins diversifiés et complexes des jeunes vivant dans les quartiers prioritaires.
Évasion Urbaine constitue une plus-value incontestable et incontournable dans les domaines du sport et de l’animation sociale


Usep

L’Union sportive de l’enseignement du premier degré est la fédération du sport scolaire à l’école publique. En 2019, elle réunissait 714 000 enfants, de la maternelle au CM2, et 41 500 adultes au sein de 8 200 associations d’école.

Son action s’inscrit dans celle de la Ligue de l’enseignement. Inspiré par l’idéal humaniste et laïque de ce grand mouvement d’éducation populaire, son projet éducatif se résume en une formule : « former des citoyens sportifs ».

À l’Usep, la pratique physique va de pair avec l’apprentissage des règles, le respect de l’autre et l’éducation à la santé. Organisées en temps scolaire et hors temps scolaire, les rencontres sportives se veulent également associatives. Les enfants sont invités à prendre des responsabilités et exercer les rôles d’organisateur, arbitre, reporter, etc. Ils participent aussi à la vie de l’association.

L’Usep a développé une pédagogie spécifique pour rendre les activités physiques et sportives accessibles à tous, y compris aux enfants en situation de handicap.    

https://usep.org/wp-content/uploads/2019/06/BEST-OF-USEP-web.mp4


CAPSAAA

CAP SAAA, Cap Sport Art Aventure Amitié, fondée en 1995, est une association agréée Education Populaire et Jeunesse et Sport, affiliée auprès des Fédérations Handisport et Sport Adapté.

CAP SAAA communique une vision énergique et positive du handicap avec un slogan fédérateur : Le droit à la différence contre l’indifférence.

Le sport, la culture, la citoyenneté et la solidarité sont au cœur de son projet grâce à son club dans lequel évolue des athlètes de tous niveaux au sein de 4 disciplines et ses actions de sensibilisation sur tout le territoire dans les centres de rééducation et auprès du grand public.

A travers EDUCAP CITY, CAP SAAA investit dans l’avenir, encourage l’engagement des jeunes et les aide à développer leur potentiel ! Pacifier les rapports entre les jeunes et les institutions, établir un dialogue entre les nouvelles générations et les acteurs de la ville dans laquelle ils se construisent, est un maillon fort pour les impliquer dans leur future vie citoyenne.

Leur actualité est à retrouver sur leur site : https://www.capsaaa.net/


Espace Satori

L’Espace Satori est un centre d’entraînement et d’éducation globale ayant comme support le sport, les arts et la nature; un centre de formation qui propose des expériences pour rester connecté au réel ! La concentration, l’effort et la technicité sont les principaux outils d’exigence pour viser l’excellence éducative pour tous.

Nos grands principes d’Éducation Globale par le sport :
✓ Le Corps comme matière visible en mouvement
✓ La prise avec le Réel ; Agir pour servir un objectif choisi
✓ La Joie dans l’apprentissage et la valorisation de l’Échec
✓ Le Sens car c’est par le visible que l’on perçoit l’invisible
✓ L’Exemplarité comme base de notre discipline

L’association Espace Satori, implantée en milieu rural, agit pour l’Éducation, la Formation professionnelle, l’insertion professionnelle, la Santé et l’Écologie en proposant des activités périscolaires type centre de loisir (à dominante sportive), des classes découverte, des stages de perfectionnement sportif (principalement pour le karaté), des séjours vacances, des séminaires pour les entreprises et un parcours d’entraînement en peine forêt.

Retrouvez les sur leur page Facebook.


Quatre associations membres de l’ANPSS lauréates du plan d’investissement dans les compétences

Piloté par le ministère du Travail, le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) vise à former des jeunes et demandeurs d’emploi afin de leur permettre leur insertion socio-professionnelle. Il vient de récompenser le programme national TRAJECTOIRES, mis en œuvre par quatre associations pionnières de l’ANPSS (Elan sportif à Mulhouse, Parkour 59 à Roubaix, Unis vers le sport à Strasbourg, et Evasion Urbaine à Torcy).

Le programme TRAJECTOIRES vise à l’insertion socio-professionnelle des jeunes en situation de décrochage scolaire, professionnel et social, via des parcours de remobilisation et d’insertion socio-professionnelle ayant le sport comme levier d’action. Repérés via des animations de proximité dans l’espace public, ces jeunes seront accompagnés et bénéficieront d’un suivi individuel renforcé et de solutions concrètes de retour en formation et à l’emploi.

Ce programme sera réalisé en lien avec des partenaires locaux, tels que le Service public de l’emploi local, ainsi qu’avec le monde économique grâce à l’action d’entreprises sensibilisées au projet. Les jeunes accompagnés seront mis en relation directe avec le monde de l’entreprise, via des visites ou encore des stages de découverte et des entretiens d’embauche. Avec ce projet, c’est donc un véritable écosystème qui est mis en place, avec la mobilisation de multiples acteurs au service de la performance sociale.

À terme, les finalités du programme TRAJECTOIRES, qui a pour objectif l’accompagnement d’environ 80 jeunes sur ses quatre territoires d’implantation, sont les suivantes :

  •  Structurer, consolider et développer les actions locales existantes qui apportent des réponses concrètes et efficaces à l’insertion des publics les plus en difficulté ;
  •  Renforcer les écosystèmes locaux au service de l’inclusion par le sport, avec une place centrale donnée à l’entreprise pour dynamiser les parcours ;
  •  Placer le sport comme dénominateur commun et l’outil central au service de l’insertion des jeunes ;
  • Ancrer ces expérimentations locales dans les territoires ;
  • Modéliser et capitaliser les acquis des expérimentations et construire les conditions de réussite de leur essaimage.


Lancement de l’association nationale de la performance sociale du sport

Un an après le lancement des travaux, l’association nationale de la performance sociale du sport a été officiellement lancée le 3 juin dernier, à l’initiative du ministère des Sports et de l’Agence nationale du Sport.

Présidents de fédérations, maires, acteurs associatifs engagés, entreprises motivées, ministèrs des Sports, de la Ville et de l’Emploi ont souhaité s’engager fortement et rejoindre l’association. Cette structure nationale inédite porte un défi majeur : faire reconnaitre le monde sportif comme un acteur pertinent et efficace de l’inclusion des jeunes et ainsi construire une véritable filière de la performance sociale du sport. L’association de la performance sociale du sport sera un espace d’échange ouvert et bienveillant mais surtout d’actions concrètes au service d’actions innovantes. Dès le mois de septembre, elle réunira une centaine d’associations autour des bonnes pratiques de la performance sociale du sport.

L’innovation dont fait preuve le sport amateur est unanimement reconnue. Pourtant, elle a besoin de continuer à se doter d’outils de développement, d’essaimage et d’accompagnement pour amplifier son action au bénéfice de l’inclusion par le sport. À titre d’exemple, plusieurs grands projets d’inclusion par le sport (portés par la Fédération Française de Voile, un consortium de 4 acteurs associatifs, l’APELS…) viennent d’être financés par le plan d’investissement des compétences (plus de 20 millions d’euros).

Cette performance sociale du sport s’inscrit dans un nouvel écosystème. Les villes françaises, principales sources de financement de ces projets (un tiers des budgets du sport), ne s’y trompent pas : elles sont les premières à innover en mettant en place de nouveaux services de sport insertion, elles seront au cœur même de notre projet. Les fédérations sportives ont un poids majeur dans le sport français, elles prennent de plus en plus conscience de leur intérêt à innover. Les entreprises aussi sont conscientes que le sport peut, par exemple, devenir un outil de recrutement et une source de compétences fortes pour se développer.

L’association nationale de la performance sociale du sport vous donne rendez-vous à la rentrée pour présenter les grandes innovations sociales du sport en lien avec leurs territoires et les acteurs économiques qui soutiendront cette démarche.

« Le sport est créateur de passions, d’émotions et aussi créateur de richesses humaines. Parce que la pratique du sport développe des compétences sociales, participe à l’insertion ou donne des perspectives de qualifications et d’emploi, le sport est générateur de performance sociale. Je suis tout particulièrement attachée à cette facette du sport qui construit des individus, qui aide à trouver sa place. Ce fut mon cas. Depuis des années, les acteurs associatifs, pionniers de la performance sociale œuvrent à l’insertion par le sport. Faire société constituera un enjeu post-covid et le sport doit prendre sa part pour lutter encore plus contre les inégalités sociales, pour aider à recréer du lien. La constitution d’une association nationale est une étape importante pour la reconnaissance, la structuration et le développement de la performance sociale par le sport. Aujourd’hui, les pionniers sociaux-sportifs et les fédérations unissent leurs forces. C’est une association que j’appelais de mes vœux. Parce qu’on est plus fort à plusieurs. Je me réjouis de la constitution d’une telle équipe et vous assure de mon plein soutien. »

Roxana Maracineanu, ministre des Sports